L'invention de la guitare électrique

Nous avons vu, il y a peu, que nous devions l’invention de guitare classique à un génie, répondant au nom chatoyant d’Antonio de Torres. Mais qui a eu cette idée folle, un jour, de faire se rencontrer l’instrument si cher à notre cœur, avec la douce fée Electricité ?

BRANCHEZ LES GUITARES !

Alors, oui, c’est à ce moment précis de l’histoire que, par habitude, je ne saurais résister à l’envie de vous dire les choses suivantes :

Au même titre que l’on doit l’invention de la poubelle à un préfet parisien du même nom (Poubelle, donc), on doit l’invention de la guitare telle que nous la connaissons aujourd’hui, sous sa forme la plus branchée possible, à monsieur Guy Tard.

Là, vous pourriez vous esclaffer, seul(e), ou entre pote, sur le bon aloi de cette blague, mais, je vous le concède, ce serait un peu trop facile …

Penchons-nous plutôt d’un peu plus près sur nos livres d’histoire …

POURQUOI DU JUS DANS LE MANCHE ?

Il est apparu nécessaire, au début du vingtième siècle, de songer de plus en plus sérieusement à une solution capable d’amplifier le son des guitares acoustiques, afin de permettre à leurs utilisateurs de se produire dans des salles plus grandes, tout en conservant une puissance d’audition certaine.

C’est la raison qui explique l’invention de l’amplificateur (pour guitare notamment) électrique.

Et c’est en tentant de répondre aux doléances des musiciens et mélomanes de l’époque, que certains ingénieurs, ou chercheurs, travaillèrent sur l’électrification du son, directement depuis l’instrument.

Le principe étant de capter les vibrations de l’instrument, les transformer en ondes électriques, et les véhiculer par le biais de câbles jusqu’à un amplificateur dédié …

Génial, non ?

Le premier système de ce type sera installé sur une guitare, en 1890 environ, et sera le fruit de la réflexion intensive d’un monsieur qui aura su planter une petite graine qui donnera par la suite naissance à tous ces modèles qui attisent tant nos convoitises modernes ; ce monsieur s’appelle George Breed. Le rendu n’est, à l’époque du moins, pas exploitable en l’état.

^{Lloyd Loar avec une de ses créations : la mandoline F5 commercialisée par Gibson.}

Il faudra donc attendre qu’un génie répondant au nom de Lloyd Loar, employé par la firme Gibson, et ce, au bout de cinq longues années de travail et de réflexion sur les micros, le bobinage, et les systèmes d’amplification du son, crée, en 1923 le premier véritable prototype de guitare électrique …

Son invention fraîchement mise au jour, Lloyd Loar quitte Gibson dès 1924, pour se concentrer sur le développement des instruments à capteurs électromagnétiques, dont il déposera le brevet, en 1934.

Rappelons que ce système est aujourd’hui celui qui équipe les guitares actuelles … Rien que ça.

LES ANNEES TRENTE

Alors qu’Al Capone n’en finit pas de flinguer tout ce qui bouge, et que l’alcool coule à flots plus que restreints, deux firmes tirent leur épingle du jeu, et commercialisent les tous premiers modèles de guitare électrique au monde : Audiovox, et Rickenbacker.

Nous sommes en 1930.

^{Modèle Frying Pan de Rickenbacker, une poèle à frire très rock ‘n roll …}

Les premières guitares électriques solid body voient le jour. Imaginez-vous, en costumes à fines rayures, borsalino vissé sur la tête, à jouer sur une guitare, électrifiée, et sans aucune caisse de résonnance, devant un public stupéfait de vous entendre jusqu’à l’autre bout de la salle, sans problème !

LES ANNEES CINQUANTE

Cette période connaît le développement des guitares solid body. Elles sont la majorité des ventes de guitares électriques. Faible gabarit, légères, maniables, moins fragiles que leurs consœurs, les guitares électriques à caisse de résonnance, dites hollow body, elles sont également moins chères.

Elles commencent à habiller les mains de la plupart des instrumentistes de musique amplifiée.

1950 accueille la naissance de la future mythique guitare Fender Telecaster. Quatre années plus tard, le futur canonisé Leo Fender, invente la Stratocaster.

La même année sortira une guitare de la marque Gibson, crée par un homme qui lui donner son nom : Les Paul.

A NOTER :

En parallèle, on note le développement des systèmes d’amplification, de prises de son, et de sonorisations de salles, et d’artistes.

Le fait que la guitare solid body, soit, grâce à son absence de caisse de résonnance, moins sujette à la captation de bruits parasites, tels les larsens, lui permettra de passer devant la guitare holloxw body, beaucoup plus sensible à ce niveau -à que les guitares à corps pleins.

EN CONCLUSION :

Il existe aujourd’hui tout un tas de marques, tout un tas de modèles, de styles, de couleurs, de luthiers, et de musiciens, qui servent la guitare électrique.

Que l’on soit orienté metal, blues, rock, jazz, folk, classique, variété, etc, etc, il existe toujours une guitare électrique pour votre style.

Que l’on aime le classicisme des guitares Fender ou Gibson, ou l’excentricité des guitares atypiques de luthiers, que l’on veuille la même guitare que son idole, ou, au contraire, un modèle jamais vu auparavant, il y a toujours quelque part, quelqu’un susceptible de répondre à vos attentes de musiciens.

La guitare électrique, est, enfin, un instrument relativement jeune, résolument moderne, toujours penché vers l’avenir, car en constante évolution.

Quoiqu’il en soit, c’est un instrument comme un autre : un prolongement de vous-même.

Alors, ami guitariste, avant toute nouvelle acquisition, surtout, prends le temps d’essayer, de comparer, de réfléchir, …

Rédacteur : Strato Niko