Comment écrire une chanson à la guitare ?

Ok jeune padawan, tu pratiques la guitare depuis quelque temps déjà. Tu as potassé nombre de riffs, d’accords, et de mélodies. C’est bien, mais maintenant que tu t’es un peu aguerri·e tu aimerais voir au-delà, passer à l’étape suivante, et pouvoir t’exprimer davantage autant en tant que musicien·nne, que comme interprète. Il est donc temps d’aborder une thématique récurrente qui touche tout·e guitariste, qu’il ou elle soit débutant·e ou confirmé·e : comment écrire une chanson ?

À cette question, en réalité, une multitude de réponses est possible, tout comme aucune peut faire l’affaire (mais c’est pas l’idée dans cet article, je vous rassure !). La musique étant quelque chose d’abstrait, relevant du domaine artistique et non scientifique, il serait saugrenu d’imposer une méthode ou une autre. 

Il est évident qu’un songwriter façon Bob Dylan ou George Brassens n’aura pas la même approche qu’un shreddeur type Yngwie Malmsteen, ou d’un guitariste rythmique comme Malcolm Young.

En revanche, comme tu vas le voir, il existe plusieurs bases et plusieurs procédés applicables par tout·e musicien·ne (et je précise bien musicien·ne, pas guitariste), dans tous styles, afin de pondre quelque chose d’efficace, de cohérent, et organique sur le plan musical. 

Le ou la guitariste étant souvent aux prises avec son ego, il est bon de rappeler qu’au sein d’un groupe, se mettre au service de la musique est plus important que de privilégier l’efficacité à la démonstration.

Si tu fais ça, tu es déjà sur le bon chemin !

Soyons clairs, le but aujourd’hui ne sera pas d’écrire un morceau de rock prog’ de 20mn (il faudrait également un article prog’ de 20 pages sinon), mais plutôt de réussir à proposer un morceau court, efficace, catchy, accessible à toutes et tous. Le tout en jouant sur quelques idées d’arrangement essentiellement, dans l’esprit « Zombie » des Cranberries ou « Smells like teen spirit » de Nirvana par exemple. Let’s go ! 

PAR OU COMMENCER POUR COMPOSER SA CHANSON ?

Très bien, après ce préambule, la première question qui va se poser est la suivante : Par quoi je commence ?

Une bonne piste que je conseille pour les débutant·e·s, mais également pour les personnes plus expérimentées, c’est de passer par une suite d’accords définie au préalable.

Sans tout de suite passer par la case théorique, amusez-vous à balancer tous les accords ouverts que vous appris (n’est-ce pas ? On est d’accord ?). C’est une méthode qui a fait ses preuves, Ils sont nombreux les classiques à user de ce système : About a Girl, Knockin on Heaven’s Door, Wonderwall (avec capodastre) pour ne citer qu’eux. 

Je vous renvoie vers l’article de mon collègue sur les accords ouverts si jamais vous avez une panne. 

Quel que soit votre style de musique et la manière de jouer vos parties guitares (strumming, arpèges, riffs etc...) il y aura toujours une dimension harmonique plus ou moins présente, même si vous optez pour une musique modale sur un seul accord. 

Les accords sont le squelette de tout morceau, sur lesquels viendront se greffer les diverses mélodies. A peu près toutes les combinaisons fonctionnent, n’hésitez pas à jouer sur la longueur de chacun pour ne pas faire quelque chose de trop bateau. Et n’hésitez pas à pomper certains enchaînements d’accords déjà utilisés (de toute façon ça fait des siècles que c’est déjà fait) pour faire vos armes.

Souvent les cycles d’accords se font sur 4 mesures, on pourrait donc par exemple de faire un enchaînement Do/Fa/Do/Sol ; mais il n’y a pas de règles faites au feeling. 

- Exercice n°1 -

Essayer de bricoler une suite entre 2 et 4 accords, par exemple pour un couplet, et une autre pour un refrain.

Exemple d’accords simple dans lesquels piocher :

DONNER DE LA VIE À SON MORCEAU DE GUITARE

Félicitations, tu viens de trouver une suite d’accords à peu près potable, et tu les joues en boucle parce qu’ils sont trop cools, et que tu penses tenir le hit de l’été. Modérons toutefois notre enthousiasme, car il faut hélas (ou heureusement) un peu plus que cela pour faire un carton.

Un premier piège à éviter est de se cantonner à jouer des rythmes trop répétitifs. Fréquemment, dans les groupes débutants, ce qui se passe est que tout le monde joue exactement la même chose (power chords en croches, pour le cliché). Une bonne technique pour faire simple et efficace peut être de jouer sur l’arrangement, tels que dans les exemples mentionnés en introduction. 

Par exemple, jouer le début en lâcher d’accords, enchaîner en arpèges pour le couplet, avant d’enclencher la disto pour le refrain. Cela ajoute du contraste, de la nuance, et cela apporte du mouvement qui donnera de la vie à votre morceau et gardera l’auditeur·ice en haleine. Zombie le réussit à merveille, et pourtant les 4 mêmes accords sont utiliséstout le long. 

Dans un contexte de groupe, il est également intéressant de travailler sur le rôle de chaque instrument dans le morceau, notamment celui de la guitare. L’idée est d’essayer de se détacher de la guitare qui « matraque des accords à tout va » et qui pollue peut-être plus qu’autre chose (sauf si vous jouez du punk, là c’est à fond la caisse). 

Des idées qui marchent : une guitare acoustique qui joue des accords en strumming avec une guitare clean en arpèges par-dessus (possible idée de pré-refrain), ou un petit lead funky par dessus une basse bien présente façon Red hot chili peppers. À vous de trouver les vôtres. 

- Exercice n°2 -

Essayer d’explorer différentes variations rythmiques (notes tenues, silences ; plus ou moins de notes) et différentes façons de jouer vos accords pour leur donner du mouvement et de la personnalité. 

ET LA MELODIE DANS TOUT ÇA ?

Maintenant que nous avons jeté des idées pour différentes sections de notre morceau et d’une certaine manière préparée le « backing track », il va falloir faire face à un nouveau problème : qu’est-ce que je joue par-dessus ? Comment trouver les bonnes notes ? Et oui nous n’allions pas y couper, il va (mal)heureusement falloir parler théorie. 

À moins de placer vos doigts au pif sur le manche et d’user de votre oreille pour en sortir quelque chose d’exploitable (ce qui est somme toute une méthode comme une autre) nous allons revoir quelques concepts harmoniques de base. Pour cet exemple je vais utiliser un enchaînement :

Do / Fa / Do / Sol

Ce qui fait que ces accords fonctionnent très bien entre eux peu importe l’ordre dans lequel ils sont joués, c’est qu’ils sont tous construits sur la gamme de Do majeur. Lorsque vous choisissez une tonalité vous déterminer le point de départ d’où seront construits tous vos accords (du moins dans la majorité des cas). 

Pour rappel l’architecture d’une gamme majeure est: ton, ton, demi-ton, ton, ton, ton, demi-ton. En tonalité de Do majeur cela nous donne comme notes: do, ré, mi, fa, sol, la, si. Si nous étions en Ré majeur cela nous donnerait : ré, mi, fa#, sol, la , si, do#. L’architecture reste la même, mais transposée. Revenons à notre exemple.

Déterminer la tonalité dans laquelle sont joués nos accords nous permettra donc de trouver d’emblée les « bonnes » notes pour venir embellir notre futur hit. Et là… FLASH INFO elles marcheront toujours toutes. ^^ Si vous avez été un élève assidu, vous savez au moins jouer une gamme majeure en position de do. Sinon je vous mets le dessin, amusez-vous ! 

- Exercice n°3 -

Essayer de pondre une mélodie de chant ou 2ème guitare en se basant sur les notes relatives aux accords susmentionnés.

CONCLUSION

Encore une fois, il existe une infinité de façons de faire, et il faudrait écrire plusieurs bouquins pour couvrir l’étendue du sujet.

La composition demande comme tout le reste de la patience, et de la pratique. Clairement votre premier morceau ne sera pas le meilleur, mais en privilégiant quelque chose de simple et efficace, vous aurez déjà une bonne base.

Ne vous imposez pas de barrières, mais sachez également prendre le temps de développer vos compétences (techniques, harmoniques, auditives) afin de petit à petit développer votre univers musical. Et surtout jouez en groupe, c’est là qu’on apprend le plus et qu’on se met davantage au service de la musique plutôt qu’à celui de son ego.  

Rédacteur : Alexandre Ziboni