Les accords Jazz à la guitare

Dans l’article d’aujourd’hui, nous allons aborder un thème susceptible d’intéresser bon nombre d’entre vous et ce, quel que soit votre niveau ou style musical de prédilection : les accords jazz. 

LES ACCORDS JAZZ, C’EST QUOI ?

Accords qui, malgré leur nom, ne se limitent pas à une utilisation s+trictement dans le jazz. Néanmoins, ils sont assez intéressants à étudier et à incorporer à votre répertoire, afin de colorer et enrichir davantage votre jeu. 

En effet, il est bien beau de maîtriser toutes vos positions d’accords de base -ouverts et barrés- (et je vous en félicite, vous avez bien travaillé), néanmoins il faut admettre qu’au bout d’un moment à force de faire du réchauffé...et bien ça commence à devenir un peu fade.

Ces accords dits jazz peuvent être employés dans divers styles : Bossa, Funk, Pop, Rock, Metal etc. De par leur sonorité un peu plus complexe, ils apporteront un peu plus de personnalité et de chaleur à votre musique, tout en ajoutant une touche prog’. 

Quelques exemples de morceaux avec des accords jazzy :

- Walking on the Moon de Police

- Girl from Ipanema d’Antonio Carlos Jobim

- This love de Maroon 5

- Put your records on de Corinne Bailey Rae

- Love bites de Def Leppard

- All new materials de Periphery

- Oye como va de Santana

Vous constatez donc que le champ d’action de ces accords dits « jazz » va bien plus loin que le jazz lui-même.

LES DIFFERENTES POSITIONS DES ACCORDS JAZZ

Vous vous souvenez peut-être de la construction de vos accords de base ? Pour rappel ceux-ci sont formé de 3 notes : 

- La fondamentale : qui donne son nom à l’accord, en général la note la plus grave

- La tierce : qui respectivement si elle est majeure ou mineure, donnera une couleur majeure ou mineure à l’accord

- La quinte : dont le rôle sera plus de donner du corps à l’accord

Dans les accords jazz, nous allons souvent rajouter une 4ème note : la septième, mineur ou majeure elle aussi.
Pas que, mais souvent, ces accords notés « m7 », « 7 », ou « maj7 » sont les plus fréquents et sont la base pour apprendre les accords enrichis. 

À l’avenir, nous explorerons les autres extensions telles que les 9èmes, 11èmes, 13èmes. Ce sont toutes ces notes qui viendront « épicer » vos accords. 

Voyons maintenant quelques positions :

ACCORDS M7

Observez les changements au niveau du doigté et des notes. 

Par exemple sur le Am7, au lieu de presser un la sur la corde de sol, nous allons laisser sonner un sol qui représentera la septième mineure de l’accord. 

Prenez le temps de décortiquer les accords corde par corde pour bien vous imprégner de leur sonorité. Vous noterez que celle-ci est assez soul, relax, un peu moins triste qu’un accord mineur classique.

ACCORDS 7 A LA GUITARE

Même procédé ici. Dans les accords 7 nous avons également une septième mineure. La différence c’est que, combinée à la tierce majeure, cela donnera un triton, qui provoquera la dissonance typique de ce type d’accords. 

Ils sont extrêmement utilisés dans le blues, bluesrock, rockabilly, etc. Ils sont un peu plus lumineux car majeurs, mais également assez tendus de par la dissonance mentionnée plus haut. 

Ces sonorités vous plaisent ? N’oubliez pas que nous avons des cours spécialement consacrés aux accords de septième. Ceux-ci sont répartis dans le CURSUS 6 et le CURSUS 7.

ACCORDS MAJ7

Continuez de disséquer corde par corde. Les accords maj7 ont une consonance très reposante et feutrée, qui se marient très bien dans un univers bossa nova notamment. Il s’en dégage un esprit « musique d’ascenseur ». 

ACCORDS MB5

Ces accords- ci sont un peu particuliers. Leur nature dissonante de par la présence de la quinte diminuée les rend difficilement exploitables à eux seuls. Fortement associés au mode Locrien pour les connaisseurs. On leur accordera davantage le rôle d’accord de passage ou de transition, souvent pour introduire une tension qui sera résolue sur le prochain accord joué.

Comme pour toutes les positions d’accords de base, celles-ci sont transposables. Vous pourrez par exemple monter la position du Am7 de 2 cases et obtenir un Bm7. Ou descendre celle du Bbmaj7 d’une case et obtenir un Amaj7. Le principe reste toujours le même, on fonctionne de manière géométrique. C’est l’avantage des instruments à cordes.

Nous avons ici abordé les types d’accords les plus courants à 4 sons, qui sont passe-partout pour faire votre entrée dans le monde des accords enrichis. Il y en a encore beaucoup d’autres.

HARMONISATION DE LA GAMME MAJEURE

Afin de s’approprier ces différentes formes d’accords partout sur le manche de la guitare, il est nécessaire de s’entraîner à les jouer dans chacune des 12 tonalités, et en variant les formes d’accords (fondamentale sur la corde n°6, n°5 ou n°4). 

Petite piqûre de rappel :

En considérant que vous connaissiez vos notes sur le manche, ou au moins sur les 3 premières cordes, il suffit de se référer aux diagrammes vus plus haut, et de les transposer selon la hauteur de l’accord désiré. 

Par exemple :

- en déplaçant l’une des positions de CM7 de 2 cases vers le haut, on obtient un DM7 

- en déplaçant l’une des positions de Am7 de 2 cases vers le bas, on obtient un Gm7

Un grand classique du Jazz est l’enchaînement des degrés II-V-I

C’est un must, au même titre que savoir jouer un Blues en 12 mesures. À connaître donc. Il existe un II-V-I majeur et un II-V-I mineur (dont on comptera les degrés en partant de la relative mineure).

Quelques exemples pour faire rentrer tout ça :

II-V-I majeur en La majeur = Bm7 - E7 - AM7

II-V-I majeur en Sol bémol majeur = Abm7 - Db7 - GbM7

II-V-I mineur en Mi mineur = F #m7b5 - B7 - Em7

II-V-I mineur en Ré mineur = Em7b5 – A7 – Dm7

...Et ainsi de suite, à vous de trouver le reste.

L’ETAPE AU-DESSUS POUR MAITRISER LES ACCORDS JAZZ

Après s’être familiarisé avec les accords de 4 sons types M7, m7, 7, et mb5, on pourra « pousser la chansonnette » un peu plus loin et s’attaquer aux extensions de 9ème, 11ème et 13ème.

Là où comme dit précédemment, les accords à 4 sons sont relativement polyvalents, ils manquent néanmoins d’un petit quelque chose pour vraiment « sonner jazz ». C’est là que les extensions entrent en jeu. On va davantage charger nos accords sur le plan harmonique, pour asseoir davantage leur « Jazzitude ».

Quelques schémas :

Cela fait un peu peur à première vue mais en y regardant de plus près, vous remarquerez une certaine similitude avec les schémas précédents. Rien d’étonnant, la base est la même, on va simplement ajouter une ou plusieurs notes pour colorer l’accord.

À noter que cela se fera souvent au détriment de la quinte.

En effet, afin d’alléger la sonorité générale, et de faire davantage ressortir les enrichissements, on fait souvent le choix de la mettre de côté – le manque de doigts n’y étant également pas étranger -. Le tout pour éviter un gros cluster de notes qui rendra la chose un peu brouillonne. En gros la démarche inverse d’un accord de puissance qui lui nécessite d’avoir du corps.  

Conclusion

Plutôt que d'apprendre tous ces accords par cœur, il est de loin préférable de les comprendre et de savoir les construire. Cela implique donc de savoir où se trouve la tierce, la quinte, la septième etc. Une grosse partie du travail sera également un travail d’oreille. Pour sonner jazz, comme pour tout style, il est indispensable de s’imprégner de sa sonorité, que ce soit en accord ou en notes car le son et le toucher sont particuliers (surtout si vous venez d’un background Métal comme votre serviteur).

Expérimentez vos propres positions, changez quelques notes et voyez comment pimenter votre jeu !

Rédacteur : Alexandre Ziboni