Histoire du blues - Acte final
Raff de HGuitare Mis à jour : 24/06/22 5
Dans ce dernier article sur le blues et ses particularités en guitare, nous aborderons les impacts du blues dans la musique actuelle ainsi que la gamme blues !
LE BLUES AUJOURD'HUI ET LA GAMME BLUES
MAIS AVANT, UNE PETITE INTRO
Le blues est un style qui a plus d'un siècle maintenant. Il a généré bien des légendes mais surtout bien d'autres styles ! On en a parlé dans les précédents articles, mais le Rythm'n Blues est un des premiers grands enfants du Blues. Le rock et le hard rock en sont les suivants aussi ! On retrouve des jeux "bluesy" dans tous ces styles là que ce soit au niveau des riffs ou des solos.
Le Blues a également engendré un style bien connu : le jazz ! Par de multiples évolutions, une des branches du blues a donné le jazz (puis toutes les déclinaisons qu'on peut lui connaître).
Il n'est d'ailleurs pas rare de voir des grilles de blues dans le jazz (comme ça a été mentionné dans le deuxième article) ou de voir des utilisations intensives de gamme pentatoniques mineures ou même de la gamme blues (que l'on va développer un peu après).
Je prends l'exemple du guitariste John Scofield (qui a fait du jazz et de la fusion : mélange jazz & rock) qui construit certaines de ces improvisations sur des grilles de jazz avec principalement des gammes pentatoniques mineures (en modulant en fonction de la grille) et qui reprend même des gimmicks de blues.
Aussi, beaucoup de styles créés par les afro-américains ont un lien avec le blues : la funk (dans lequel on trouve aussi une forte utilisation d'accords 7), la soul (qui reprend beaucoup de l'émotion du blues et des accords 7 également).
On peut retrouver dans la musique pop ou la variété, des emprunts au blues notamment dans l'utilisation d'un bVIIe degré majeur. (oui je sais c'est pas très intelligible comme ça mais une fois que vous serez à l'aise avec l'harmonisation de la gamme majeure, vous verrez ça comme une ouverture dans la composition).
Egalement dans certains solos (dans le rock notamment), une note est empruntée au blues ce qui ne dissone pas mais offre cette sonorité bluesy qui enrichit la gamme majeure et donc la composition.
Le blues a également marqué la musique moderne par ses légendes, celles dont je parlais dans le premier article avec la forte présence de champs lexical du diable. Par exemple, on trouve des références au diable dans des groupes tels que AC/DC (Highway to Hell, Hell's Bells), Iron Maiden (The Number of the Beast), Rolling Stones (Sympathy for the Devil), ou encore Black Sabbath et par extension (et par provocation) des références à la mort (Sepultura), aux ténèbres, à l'occulte (Voodoo Child, Jimi Hendrix) et j'en passe.
Il faut y voir plutôt de la provocation et/ou une recherche de choquer qu'une quelconque adoration ou éventuel satanisme. Le blues est un style qui initialement a choqué la "norme" sociale de l'époque et les styles qui en ont découlé notamment le rock, le hard-rock et le metal ont conservé ce souhait de choquer et de chambouler la bien-pensance !
LA NOTE BLUES
Comme expliqué dans le premier article, le blues est un style qui servait à véhiculer des complaintes et des lamentations.
Lors des premiers blues avec une grille jouée par un instrument, les chanteurs avaient tendance à marquer une note qui dissonait un peu. Cette note est à exactement trois tons de la note de la grille du blues (par exemple le La pour un blues en La). Elle est aussi appelée quarte augmentée, quinte diminuée ou triton.
Pour la petite histoire, cette note fut interdite à une certaine époque en occident car elle était associée au Diable par l'Eglise. Toute personne utilisant cette note pouvait être considérée comme serviteur du Diable et ainsi recevoir les sévices que l'Eglise attribuait à ces personnes … vous vous doutez que ce n'étaient pas des sensations très agréables.
Si vous souhaitez plus d'informations, je vous laisse chercher sur le net les tortures et autres mises à mort auxquelles avaient droit les personnes jouant cette note !
Sa dissonance fut la cause de cette assimilation avec le Diable. L'Eglise, à l'époque, était très sensible quant à l'utilisation de certains intervalles dans la musique. Je vous conseille de regarder le sketch de Kaamelott qui parle de cette intolérance là :
La quinte juste - Livre II – Kaamelott
Avec le temps, et son utilisation dans les styles nés du blues, cette note est rentrée dans le paysage musical occidental au point qu'elle a beaucoup perdu de sa dissonance mais reste emblématique du style. Il est maintenant assez courant de l'entendre dans divers morceaux sans qu'un auditeur standard ne soit choqué par la note en elle-même, certains l'associeront automatiquement au blues mais quasiment aucun ne dire qu'elle est fausse ou qu'elle dissone.
Si on reprend la première position de la gamme pentatonique mineure, on la retrouve à 2 endroits :
- sur la corde de La, au milieu des 2 notes jouées
- sur la corde de Sol, juste à côté de la 2e note.
Voyons plutôt le schéma, je pense que ce sera plus clair :
NE PAS EN ABUSER !
Alors attention, cette note, bien que très colorée ne doit pas être mis n'importe ou, n'importe comment. Elle peut durant toute la grille servir de note de passage : c'est à dire de pont entre 2 notes, ici, elle peut servir de pont entre les 2 notes qu'elle entoure.
Si vous y restez dessus trop longtemps, elle peut commencer à dissoner surtout sur toutes les mesures dont l'accord n'est pas l'accord du nom de la grille, c'est à dire pour un blues en La 7, il ne faudrait pas trop insister sur la blue note sur les accords Ré 7 et Mi 7.
Bien évidemment, il faut bien doser le mot "insister". Les premiers chanteurs de blues la faisaient sonner, et il faut bien se souvenir qu'elle est très intéressante. Il ne faut juste pas s'arrêter tout le temps dessus, ni trop longtemps.
Evitez également de la marquer lors du changement d'accord, c'est bien là qu'elle va le plus se faire dissonante.
Tout ceci amène à une notion importante : il est essentiel dans le blues de ne pas se perdre dans la grille, c'est à dire qu'à chaque instant, quoique vous jouiez, vous devez savoir ce que vous faites et sur quel accord vous êtes, c'est la clé de la maîtrise et de la musicalité !
CONCLUSION
Voilà, cette série d’articles sur la guitare et le blues et maintenant terminée. J’espère que cela vous aura plu.
J’ai essayé un maximum de parler des changements visibles et pratique tout du long de l’histoire du blues, de sa naissance au blues plus contemporain. Hésitez surtout pas à pratiquer les exercices présents dans les différents articles.
Expérimentez, testez, et voyagez. Le blues est une musique de sentiments, de feeling… alors, faites-vous plaisir et ressentez les notes, la musique et son discours.
Rédacteur : Sophian Alkurdi.
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Et bien merci Sophian ( et la Hteam ) pour ce dernier volet, on en apprend beaucoup, personnellement j'aime beaucoup le blues pour son feeling🎸
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Merci Raff très intéressant et merci aussi pour le petit passage à kaamelott 😆
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Excellent l'extrait de Kaamelott...😁.. je l'avais encore jamais vu celui-là! Et merci pour ces articles super instructifs! Petite question: n'y a-t'il pas une petite erreur dans la partition ci-dessus avec un FA au lieu d'un MI bémol dans la première mesure ?
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SophianProfEffectivement, une faute de frappe. C'est bien un Mi bémol et non un Fa. Donc case 6 et non case 8 pour la 4e note de la partition. Bien vu ;-)
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Merci pour cette "pièce en 5 actes" au sujet du très vaste sujet qu'est le blues ! Très instructif tout ça ! Je rajouterai bien ma petite touche perso et modeste en suggérant l'écoute de trois "long box" "Désert blues" de la maison de disque Network : un beau panel de blues saharien (mais pas que !) . Bonne écoute !
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