Anatomie de la guitare
Beaucoup trop de guitaristes méconnaissent la façon dont est conçu leur propre instrument !
Toutes les guitares sont constituées de certaines pièces, elles-mêmes dans différentes matières, etc. Loin d'être anodines, ces caractéristiques ont une influence directe sur le son.
Mais alors, pourquoi cet aspect purement "anatomique" de la guitare est délaissé par une large partie des guitaristes - et pas seulement les débutants ?
Peut-être se disent-ils que c'est un domaine trop technique, ou bien que c'est l'affaire des luthiers...
Pourtant, avoir une bonne connaissance des différentes parties de sa guitare est primordial pour tout guitariste qui se respecte ! C'est un atout de poids au moment de l'achat d'un instrument, et aussi pour en prendre bien soin sur le long terme.
Dans cet article en trois parties, je vais tâcher de décrire toutes les pièces qui constituent une guitare, en partant du haut vers le bas. À chaque fois, je donnerai le nom de chaque élément en français et en anglais, car il est bon de connaître les termes dans les deux langues. Et dans la mesure du possible, je fournirai des notions utiles de lutherie, qui vous serviront tôt ou tard dans votre vie de musicien !
Après avoir lu ces articles, la guitare n'aura vraiment plus aucun secret pour vous !!!!
ANATOMIE DE LA GUITARE : LA PARTIE SUPÉRIEURE
Commençons donc notre visite de l’anatomie de la guitare avec la partie supérieure de notre belle.
LA TÊTE
Terminologie Anglophone : Headstock
Tout en haut d'une guitare, on trouve en toute logique la tête !
Cette pièce de bois est généralement la prolongation directe du manche, mais elle peut parfois être collée à celui-ci entre la 1ère et la 4ème case.
La tête peut être légèrement inclinée vers l'arrière par rapport au manche (type "Gibson") ou droite (type "Fender"). Elle peut également être pleine (sur les guitares folk et électriques) ou ajourée (sur les guitares classiques ou manouches).
La tête de la guitare remplie deux fonctions principales :
- Elle permet de soutenir les mécaniques.
- C'est un élément décoratif, dont la forme varie selon le type de guitare, la marque, le modèle, voire même l'année de fabrication ! Bien souvent, on trouve aussi sur la tête le logo de la compagnie qui a fabriqué l'instrument. Bref, la tête contribue grandement à l'identité particulière d'une guitare.
La tête de la guitare est une partie très fragile, qui peut subir d'importants dégâts en cas de chute (ceci est particulièrement vrai pour les têtes de type Gibson).
À noter : il existe des guitares sans tête ! Ces modèles, assez marginaux, disposent d'un système d'accordage situé au niveau du chevalet. Buck Dharma, le guitariste de Blue Öyster Cult, joue régulièrement sur scène avec ce type d'instrument...
LES MECANIQUES, OU CLES
Terminologie Anglophone : Tuning machines / machine heads
Disposées par nombres pairs de chaque côtés de la tête de la guitare ("type Gibson" et "Music Man") ou bien alignées à la suite des autres ("type Fender"), on trouve les mécaniques, des petites pièces métalliques qui permettent de fixer les cordes de la guitare. Il y a donc autant de mécaniques que de cordes : 6 sur une guitare standard, 12 pour une guitare douze-cordes.
En tournant une mécanique, on actionne un mécanisme de vis sans fin qui entraine une roue crantée, ce qui a pour conséquence d'enrouler la corde correspondante autour d'un axe. Ce système permet d'augmenter ou de diminuer la tension de la corde, et ainsi de l'accorder à une hauteur précise.
Il existe différentes catégories de mécaniques :
- Les mécaniques "à engrenage apparent" (open gear) que l'on trouve sur les guitares classiques. L'inconvénient majeur de ce type de mécaniques est que l'engrenage prend la poussière au fil du temps et peut même finir par rouiller, à moins qu'on ne le nettoie et ne l'huile régulièrement...
- Les mécaniques "à bain d'huile" (die cast), dotées d'un petit capot amovible qui recouvre le mécanisme, que l'on trouve sur la plupart des guitares acoustiques et électriques. Le capot est percé d'un petit trou, ce qui permet de mettre de temps à autre une goutte d'huile à l'intérieur à l'aide d'une pipette.
- Les mécaniques "autobloquantes" (locking tuners), apparues dans les années 80. Ce sont des mécaniques à bain d'huile qui disposent en plus d'une molette sur le côté. Cette dernière permet de faire avancer un petit cylindre en métal qui vient bloquer la corde directement à l'intérieur de l'axe. Cela permet de changer une corde en un temps records, sans avoir besoin de se servir d'un tourne-corde, ce qui est particulièrement utile en concert !
- Les mécaniques "automatiques" (robot tuners), apparues très récemment, qui combinent un ingénieux système d'accordeur électronique et de petits moteurs individuels ! Ces mécaniques plutôt onéreuses (compter plus de 100€...) permettent d'accorder une guitare sans effectuer aucune manipulation : il suffit de gratter les cordes à vide et les moteurs font tourner les mécaniques de manière entièrement automatisée ! On n'arrête plus le progrès...
Il est primordial de faire installer des mécaniques de bonne qualité sur une guitare. En effet, des mécaniques de mauvaise facture peuvent être la cause de désaccordages intempestifs (en particulier pour les guitaristes adeptes des bends et des vibratos), voire de ruptures de cordes plus fréquentes...
LES GUIDES-CORDES
Terminologie Anglophone : String retainers
Sur les modèles de guitare électrique de type Fender, on trouve ces minuscules pièces métalliques fixées sur la tête.
Les guide-cordes permettent de plaquer les cordes contre le sillet de tête et de les maintenir bien alignées. C’est donc ces petites pieces qui permettent une bonne stabilité de nos cordes.
LE SILLET DE TÊTE
Terminologie Anglophone : Nut
Situé à la jonction entre le bas de la tête et le haut du manche, on trouve le sillet de tête. Il s'agit d'une petite pièce rectangulaire d'environ 4 cm de long, qui compte autant d'encoches que l'instrument possède de cordes.
Le sillet de tête rempli de multiples fonctions :
- Tout comme les guides-cordes vus plus haut, il permet de maintenir les cordes bien droites et d'assurer un écartement constant entre elles.
- Avec le chevalet, il détermine la hauteur des cordes par rapport à la touche, ce qui a un impact direct sur le confort de jeu.
- Il permet d'éviter les ruptures de cordes intempestives en limitant les frictions répétées, grâce à un système de lubrification dans les rainures (astuce : si le sillet n'est pas autolubrifié, il suffit de frotter une mine de crayon bien gras sur les sillons !)
- Il empêche les cordes de vibrer au niveau de la tête de la guitare, ce qui pourrait générer des sons parasites.
- Il est responsable de la qualité de la vibration des cordes à vide, et à donc une grande influence sur le sustain de l'instrument.
Tous ces facteurs font que le sillet de tête est une pièce particulièrement importante, qui a une influence directe sur le son produit par les cordes d'une guitare !
Il existe des sillets de tête dans différentes matières, qui ont chacune leurs caractéristiques propres :
- Les sillets en plastique, que l'on trouve sur les guitares bon marché en raison de leur très faible coût (moins de 4€). Ils remplissent leur rôle mais offrent un son relativement plat. Ils ne limitent pas de manière optimale la friction des cordes, et ont tendance à s'user assez rapidement...
- Les sillets en matériau composite (carbone, graphite, laiton, aluminium, tusq, micarata...), que l'on trouve sur les guitares moyenne gamme et qui coûtent dans les 10€. Ils ont un son relativement percussif, ont une bonne durée de vie, et font très bien tout ce qu'on attend d'un sillet.
- Les sillets en matériau noble (bois, os, ivoire de mammouth fossilisé), qui sont travaillés à la main par un luthier et que l'on trouve exclusivement sur les instruments haut de gamme. Coûtant entre 10€ et 30€, ces sillets sont le nec plus ultra : ils offrent un son chaud et bien défini, transmettent très bien les vibrations et résistent longtemps à l'usure !
À noter : il existe aussi des sillets de tête à blocage, spécifiquement destinés aux guitares équipées d'un système Floyd Rose.
CONCLUSION
Nous avons fait le tour de la partie supérieure de notre guitare, ce qui nous permet de constater que bien des éléments entrent en ligne de compte afin de permettre une réelle tenue et une précision musicale certaine.
Tous ces composants prouvent également que la guitare n’est pas un instrument facile à concevoir.
Dans le prochain article de cette série consacrée à l'anatomie de la guitare, nous nous intéresserons à la partie centrale de l'instrument, qui correspond au manche de la guitare. À très vite !
Rédacteur : Sylvain Peter