Le trille à la guitare

Dans cet article, nous allons aborder une nouvelle technique, le trille. Technique dite fluide, cet enchaînement de notes permettra d’enrichir vos phrasés et peut être, d'incorporer un esprit néo-classique dans votre jeu.

QU’EST-CE QUE LE TRILLE ?

Utilisé initialement dans la musique baroque, classique ou encore romantique, cet ornement ou encore agrément a évolué et s’est transformé en legato. Terme aujourd’hui couramment utilisé pour la guitare électrique, cette technique est aussi nommée “coulée” en musique classique.

Le trille est donc un enchaînement de notes issues d’une note unique. Il est réalisé sur une corde ou deux cordes dans certains styles précis, par exemple les répertoires d'Amérique du Sud ou du sud de l'Europe. Il faut jouer une seule fois la corde avec le médiator en utilisant le hammer-on et le pull-off avec l’autre main.

À la différence du trémolo, une note peut avoir plus d’emphase que l’autre. Cela permet de traduire un sentiment ou encore de faire un clin d’œil à une époque bien précise. Dans le registre de la guitare classique, il peut être aussi utilisé dans des parties en rubato, sans rigidité métronomique, avec une appréciation personnelle du tempo. Le trille permet de finaliser ou d’introduire des thèmes ou encore des variations avec plus d’emphase.

LES NOTATIONS DU TRILLE A LA GUITARE

Sur une partition, le trille est noté “tr” avec une ligne d’extension (vague au-dessus de la portée). Il est aussi représenté par une ligne cassée signifiant le passage d’une note à l’autre. 

Exemple notation portée et tablature :

COMMENT JOUER LE TRILLE A LA GUITARE ?

La note ciblée sur la partition est la note de base, il faudra rajouter par extension soit, la note en dessous, soit la note au-dessus de la note cible. Ces notes devront être séparées d’un demi-ton (une case) ou d’un ton (deux cases) en fonction de la partition. Cette alternance de notes doit être fluide et mécanique.

Exemple a : mouvement ascendant

 

Exemple b : mouvement descendant

 

Exemple c : dans un contexte groovy

 

 

QUI UTILISE LE TRILLE ?

Exemple a : Yngwie Malmsteen – Baroque and Roll

Ici dans le thème Baroque and Roll d’Yngwie Malmsteen, très inspiré de la musique baroque, il joue à la fin de son thème un trille pour le clôturer, mais aussi pour relancer le prochain et créer une fin alternative à son riff principal. 

Yngwie Malmsteen - Baroque and Roll

 

Exemple b : Andrés Segovia joue J.S. Bach 1 - Sarabande - Lute Suite, BWV 996 2 

À ce minutage précis où commence la vidéo, nous entendons un premier trille, ici Segovia joue un répertoire Baroque enrichi par des ornements.

J S Bach by Segovia

 

Exemple c : Joe Satriani – Satch Boogie

Dans le thème de Satch Boogie joué par l’inénarrable Joe Satriani, dans l’introduction du thème principal, Joe joue 5-h-6-p-5-p-0 en hammer on et pull-off. Étant un des pères fondateurs du legato, il est logique qu’il ait intégré cette technique dans son jeu au fil du temps. 

Joe Satriani - Satch Boogie (from Satriani LIVE!)

Fait historique – Michel Pignolet de Montéclair “Principes de Musique” (1736) liste des ornements / agréments : 

« Il y a Dix-huit agréments principaux dans le Chant. Le Coulé, Le Port de Voix, La Chûte, l’Accent, Le Tremblement, Le Pincé, Le Flatté, Le Balancement, Le Tour-de Gosier, Le Passage, La Diminution, La Coulade, Le Trait, Le Son filé, Le Son enflé, Le Son Diminué, Le Son glissé, et le Sanglot ».

LES PETITES NOTES D'AGRÉMENT - Le petit traité d'interprétation de François Lazarevitch

 

CONCLUSION

Le trille est un ornement permettant de décorer un thème, de mettre en valeur un mouvement et de créer des variations. C’est aussi une répétition de notes liées aux chants des oiseaux ! Alors prenez votre plus beau cheval ainsi que votre plus belle guitare et en selle, il faudra mettre le pied à l’étrier pour ajouter cette technique à votre jeu ! 

 

 Guitariste et rédacteur : David Dutrieux